
Une étude montre qu’elles filtrent mieux les polluants que les zones humides connectées.
Les petites zones humides isolées qui ne sont pleines qu’une partie de l’année sont souvent les premières à être supprimées pour le développement ou l’agriculture, mais une nouvelle étude montre qu’elles peuvent être deux fois plus efficaces pour protéger les écosystèmes des lacs ou des rivières en aval que si elles y étaient reliées.
À l’aide d’une nouvelle méthode faisant appel à l’imagerie satellitaire et à la modélisation informatique, des chercheurs de l’université de Waterloo ont découvert que, comme ces petites zones humides sont déconnectées, des polluants tels que l’azote et le phosphore y sont piégés. Il s’agit de la première étude à utiliser des données satellitaires pour estimer la rétention des nutriments.
Toutes les zones humides agissent comme des éponges, assurant une protection contre les inondations en absorbant les vastes volumes d’eau qui peuvent être libérés soudainement par les précipitations ou la fonte des neiges. L’amélioration de la qualité de l’eau, la création d’habitats, l’augmentation de la biodiversité et le piégeage du carbone ne sont que quelques-uns des nombreux avantages environnementaux des zones humides. Leur destruction accroît notre vulnérabilité aux effets extrêmes du changement climatique, notamment les inondations, la sécheresse et la fréquence des tempêtes.
"Cette situation est particulièrement préoccupante dans des régions comme le sud de l’Ontario, qui a déjà perdu plus de 70 % de ses zones humides et qui est menacé d’en perdre davantage en raison de l’augmentation de la population et des pressions liées au développement. L’augmentation de la population humaine accroît également la quantité de pollution", a déclaré le Dr Nandita Basu, professeur à Waterloo et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la durabilité globale de l’eau et l’écohydrologie. "Si les polluants ne sont pas capturés par les petites zones humides, ils s’écouleront dans nos lacs, nos plages et finiront par avoir un impact sur notre approvisionnement en eau potable et notre capacité à utiliser les plages pour les loisirs."
Mme Basu, nommée conjointement au département des sciences de la terre et de l’environnement et au département du génie civil et environnemental de Waterloo, a travaillé avec M. Frederick Cheng, qui était son candidat au doctorat sur le projet.
Ils ont utilisé 30 années d’images satellites provenant de tous les États-Unis pour déterminer comment 3 700 zones humides se remplissaient et se vidaient en fonction des saisons et du climat. Ils ont ensuite estimé la quantité d’azote éliminée par ces masses d’eau.
"Le fait d’être déconnecté peut en fait être une bonne chose, car les polluants sont capturés et retenus au lieu d’être rejetés dans les cours d’eau", a déclaré M. Cheng, premier auteur de l’étude et actuellement chercheur postdoctoral à l’université d’État du Colorado.
Ensuite, Basu et son équipe appliqueront ces techniques aux zones humides canadiennes du bassin des Grands Lacs ainsi qu’à la région des prairies de l’Ouest canadien. Ce travail sera en partie soutenu par une subvention de 6,8 millions de dollars d’Environnement et Changement climatique Canada.
L’article, intitulé Disconnectivity matters : the outsized role of small ephemeral wetlands in landscape-scale nutrient retention , est publié dans la revue à comité de lecture Environmental Research Letters.