L’architecture scolaire au service de la réforme pédagogique québécoise

- EN- FR
Dans sa thèse de doctorat, l’architecte Mahdieh Hosseini explore les liens entre le Programme de formation de l’école québécoise et la conception architecturale des établissements scolaires.

Comment adapter les lieux scolaires aux nouvelles approches pédagogiques incluses au Programme de formation de l’école québécoise (PFEQ)- C’est la question qu’a explorée Mahdieh Hosseini dans la thèse de doctorat qu’elle a produite sous la direction de Rabah Bousbaci, de l’École de design de l’Université de Montréal.

Son étude examine les liens entre le PFEQ, adopté en 2001 - et mieux connu sous l’appellation de «réforme» - et la conception architecturale des établissements scolaires. Son objectif était de déterminer comment l’aménagement des lieux peut soutenir les nouvelles approches pédagogiques centrées sur l’apprentissage actif et la construction des savoirs.

D’origine iranienne, celle qui est maintenant architecte en Colombie-Britannique propose différentes approches pour concevoir le design architectural des écoles en fonction des spécificités du programme québécois.

Un décalage entre pédagogie et architecture

Mahdieh Hosseini rappelle que le PFEQ met l’accent sur une organisation flexible des classes pour créer des situations d’apprentissage diversifiées, favoriser le travail d’équipe et permettre un enseignement différencié selon les besoins individuels.

«L’esprit du Programme est d’aider chacun à apprendre selon son potentiel propre, sans standardisation. Pour tendre vers cet objectif, l’architecture doit proposer des lieux modulables et adaptables, plus confortables pour mieux apprendre, et les outils en vue d’y parvenir», soutient-elle.

À cet égard, ses travaux mettent en évidence le décalage entre les approches pédagogiques du PFEQ et la conception des écoles, «qui n’a pas suivi le même mouvement: la majorité des écoles secondaires québécoises ont été construites il y a 50, voire 60 ans, selon les standards de l’époque, et elles ne sont donc pas adaptées aux nouvelles orientations pédagogiques», indique-t-elle.

Selon elle, certaines modifications effectuées au fil des ans se sont même révélées contreproductives. «Par exemple, l’ajout de corridors avec des classes en éliminant un lieu central a limité les possibilités d’apprentissage», note Mahdieh Hosseini.

Des solutions à 10 défis de conception

L’étude a permis de cerner 10 défis découlant de la conception des lieux éducatifs: santé et confort, flexibilité, technologie, efficacité, accessibilité, sécurité, relation pédagogie-espace, esthétique, état du bâtiment et taille de l’école.

«Ces éléments doivent être analysés selon trois axes de développement visés par la réforme, à savoir l’acquisition des connaissances scientifiques, l’accroissement des compétences de vie et la promotion des valeurs sociales et morales», énumère la diplômée de l’UdeM.

Elle cite d’ailleurs des exemples observés ailleurs, notamment aux États-Unis. «Des aires communes reliées aux salles de classe permettent l’apprentissage en groupe, tandis que des zones individuelles en classe donnent accès aux ordinateurs, illustre-t-elle. De petits ateliers adjacents offrent des possibilités d’expérimentation libre.»

Un effet modeste mais significatif sur la réussite scolaire

Selon Mahdieh Hosseini, des concepts architecturaux adaptés au climat et à la culture locale ont déjà démontré leur efficacité.

«L’architecture n’est évidemment pas le facteur principal de la réussite scolaire, mais elle peut néanmoins avoir une influence positive non négligeable, en éliminant certains obstacles et en aidant le personnel enseignant à mieux appliquer le Programme, conclut la chercheuse. Là où des concepts adaptés ont été appliqués, on a constaté une augmentation du taux de diplomation et un plus grand sentiment d’appartenance, et c’est pourquoi les architectes doivent penser hors de la boîte pour proposer des designs innovants qui peuvent enrichir la vie et l’apprentissage des élèves.»