
Chorégraphe, documentaliste et oratrice d’une intensité rare, Rhodnie Désir captive par sa présence et son intégrité sans compromis. Elle fait partie de la cohorte des sages de 2025 de l’Université de Montréal. «J’ai commencé à danser à l’âge de trois ans. La danse fait partie de mon ADN, c’est mon moyen d’expression et même ma façon de lire le monde. La chorégraphie pour moi est un vecteur d’interconnexion sociale», résume celle qui a développé au fil des années une approche bien à elle: la méthodologie chorégraphique documentaire. «Quand j’étais étudiante, j’avais beaucoup de temps pour réfléchir dans le 51. L’autobus devenait une scène et c’est ainsi que je traduisais mon parcours: en imaginant des histoires. J’essayais de lire les gens à bord, de deviner leurs soucis et leurs envies; je m’inventais un monde», raconte-t-elle.
Les balbutiements de «KÒSA»
Ce printemps, Rhodnie Désir a présenté les balbutiements de nouvelles oeuvres façonnées, entre autres, par des entretiens avec des membres de la communauté de l’UdeM. Il y a quelques semaines, une petite délégation de l’Université a eu la chance d’être invitée aux studios de danse de l’artiste, dans le Quartier latin à Montréal, pour voir éclore une oeuvre intitulée KÒSA. Terme créole haïtien qui signifie «ce corps-là», KÒ propose un grand thème poignant: la mort.
Ces séances privilégiées de dévoilement permettent à l’équipe d’obtenir une rétroaction productive sur l’oeuvre en développement. «J’adore faire ces laboratoires de création. Et pour moi, comme artiste, ce n’est pas seulement le spectacle abouti qui est important, c’est autant la démarche que les entrevues documentaires», affirme-t-elle.

Crédit : Camille Gendron Julie Hlavacek-Larrondo est professeure d’astrophysique à l’UdeM et experte des trous noirs. Elle a accueilli Rhodnie Désir dans son bureau du campus MIL pour un entretien en vue de nourrir l’oeuvre KÒSA. «Je parle souvent de mes recherches, mais rarement du lien entre mon travail et la mort. C’était à la fois inattendu et profondément stimulant, confie-t-elle. Nous avons échangé sur ce qu’est un trou noir - sur sa gravité extrêmement forte, au point où un être humain ne pourrait pas y survivre. Nous avons aussi discuté de la manière dont la gravité courbe l’espace et le temps, un concept fascinant qui remet en question notre perception du monde.» L’astrophysicienne ajoute que la conversation, très agréable, s’est déroulée de façon naturelle: «Rhodnie a su créer un espace de dialogue ouvert et bienveillant.»

En cocréation avec l’UdeM
Les sages de l’UdeM sont invités à collaborer avec la communauté de multiples façons. Depuis le début de ce programme, en 2022, chacun des sages a su réaliser des projets surprenants. «Pour moi, c’est un honneur de me retrouver parmi ces belles figures. On peut adapter son mandat, lui donner un élan à l’image de qui on est en relation avec l’UdeM. Ce programme procure une belle vitrine à l’Université de Montréal, déclare Rhodnie Désir. J’ai l’ambition de participer à un rapprochement entre le milieu des arts et le milieu universitaire. J’ai vraiment envie de découvrir, au fil de mon mandat, comment faire une rencontre durable entre ces milieux pour qu’on puisse, ensemble, être au service de quelque chose de plus grand.»page de Rhodnie Désir et celle des sages de l’UdeM.