En tout, 1000 personnes, provenant aussi bien de centres urbains que de régions rurales, ont rempli un questionnaire en ligne sur leurs habitudes de consommation. Ce sondage, élaboré en collaboration avec des étudiants en sciences des aliments inscrits au profil de développement durable, permet de dresser un portrait des croyances et connaissances des Québécois au sujet de l'impact environnemental de leur alimentation.
Les résultats préliminaires de l'étude, qui ont fait l'objet d'un webinaire le 11 mai, sont sans équivoque: «Le niveau de connaissances est très faible. La plupart des gens ont des connaissances de base; ils savent que la viande rouge a un fort impact sur l'émission de gaz à effet de serre et qu'il vaut mieux opter pour un régime végétarien. En revanche, à partir du moment où d'autres critères se mélangent, ils ne sont pas capables de faire un arbitrage. Leurs choix se font alors en faveur des aliments locaux», explique Laure Saulais.
Entre acheter de la viande rouge produite au Québec et du tofu importé de l'étranger, la majorité des personnes sondées (56,2%) estiment que la première option est celle qui a le moins d'impact sur l'environnement. Si le fait de favoriser les aliments locaux a des retombés économiques positives, il s'avère que l'impact environnemental de la viande rouge, même si elle n'a pas parcouru des centaines de kilomètres jusqu'à notre assiette, est souvent plus grand qu'un produit d'origine végétale.
Une foule d'enjeux concernant la production alimentaire sont occultés lorsque vient le temps de faire son épicerie. «En cas de situation où les choix sont multicritères, la décision repose souvent sur un seul critère, celui du transport, alors que toutes les données scientifiques récentes montrent que l'impact environnemental d'un aliment est en grande partie lié à son mode de production et non à son transport», rappelle la professeure Saulais.
Qu'en est-il de l'affichage environnemental?
Le manque de connaissances des consommateurs au sujet de leur alimentation peut s'expliquer en partie par les lacunes en matière d'affichage environnemental. Fort courant en Europe, ce type d'affichage permet de connaître l'empreinte écologique d'un produit selon divers critères.En plus de leur enquête sur les habitudes de consommation, la professeure Saulais et son équipe ont fait un bilan des normes d'étiquetage au Canada. «Il n'y a pas d'initiative d'affichage environnemental comme c'est le cas, par exemple, avec l'affichage calorique. En Europe, il existe des projets comme l'Éco-score [un indicateur qui présente l'impact environnemental des produits, NDLR]. Pour le consommateur québécois qui veut réduire son empreinte écologique, il devient difficile de faire le tri entre les différentes options à l'épicerie.»
Aussi, le fait que les consommateurs ne voient pas de façon claire et immédiate les effets de leurs choix vient complexifier la donne. «On a du mal à faire un choix dont les conséquences sont futures et collectives. Ce n'est pas parce que je choisis une tomate bio au lieu d'une autre tomate que l'air va se purifier; il faut que tout le monde achète des tomates plus vertueuses pour qu'il y ait un progrès.»
Cela dit, comment faire des choix plus éclairés et durables? Pour Laure Saulais, la solution réside dans les applications d'intelligence artificielle qui analysent une multitude de données. La professeure met toutefois un bémol: «On trouve de plus en plus d'applications qui analysent et digèrent pour nous énormément d'informations. Il faut demeurer prudent face à ces technologies et se demander qui est à l'origine de l'application. Derrière toute intelligence artificielle, il y a un humain derrière qui l'a programmée. Il n'empêche que pour des décisions d'une telle complexité, ce genre d'outil peut aider à faire des choix à l'épicerie.»
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