Des niveaux alarmants de produits chimiques toxiques détectés chez les orques de l’Atlantique

- EN- FR
 (Image: Pixabay CC0)
(Image: Pixabay CC0)

Malgré une diminution globale des niveaux de contamination attribuable à l’interdiction des BPC et du DDT il y a des dizaines d’années, des scientifiques constatent que ces polluants constituent encore une menace pour la faune marine. Selon une étude dirigée par l’Université McGill, les orques au large de la côte canadienne de l’Atlantique présentent toujours des niveaux de contamination aux substances toxiques qui les exposent à des risques élevés de déficits immunitaires et de problèmes de reproduction graves.

Publiée dans Science of the Total Environment, l’étude s’appuie sur des données obtenues à partir d’échantillons de peau prélevés chez des baleines et des dauphins vivant dans les eaux bordant le territoire français de Saint-Pierre-et-Miquelon, au sud de Terre-Neuve, en aval du golfe du Saint-Laurent. Les scientifiques ont analysé les tissus de 50 animaux issus de six espèces de cétacés (baleines ou dauphins).

L’équipe de recherche a constaté que la situation était meilleure pour les autres baleines et les dauphins étudiés. En effet, les niveaux de contamination étaient généralement inférieurs aux seuils associés à des risques graves pour la santé.

Les scientifiques ont remarqué que, dans l’ensemble, les niveaux de produits chimiques nocifs comme les biphényles polychlorés (BPC) et les pesticides organochlorés (comme le DDT) ont baissé depuis les années 1980 et 1990. Ces produits, autrefois utilisés dans les secteurs industriel et agricole, ont été interdits il y a plusieurs dizaines d’années. Cela dit, ils persistent dans l’environnement en raison de leur structure chimique stable.

Selon les scientifiques, la présence de ces polluants organiques persistants a des répercussions particulièrement négatives sur les orques à cause de leurs habitudes alimentaires. Les orques, comme d’autres baleines à dents, se nourrissent d’espèces qui se situent plus haut dans la chaîne alimentaire ou qui vivent dans des milieux côtiers. Dans le cadre de l’étude, ces mammifères présentaient des concentrations de contaminants plus élevées que les baleines à fanons, qui mangent de plus petites proies comme les krills et les petits poissons se déplaçant en banc en haute mer. On peut en déduire que les zones côtières renferment des niveaux plus élevés de polluants, probablement attribuables à d’anciennes sources de contamination et à des sources toujours actives.

« La baisse générale des niveaux de contaminants observée chez les baleines à fanons et les petits dauphins est encourageante, car elle démontre l’efficacité de la réglementation. En revanche, la situation des orques est particulièrement inquiétante », s’inquiète Anaïs Remili, auteure principale de l’étude et ancienne chercheuse postdoctorale au Département des sciences des ressources naturelles, qui a mené ses travaux pendant ses études à McGill.

« Les seuils de risque que nous utilisons ont été établis il y a plusieurs dizaines d’années, et il est important que nous nous penchions aujourd’hui sur les conséquences de ces polluants sur la santé des cétacés. »

D’autres études sont nécessaires

Anaïs Remili souligne la nécessité de mener de nouveaux travaux de recherche et de surveillance afin de mieux comprendre les dangers que les polluants représentent pour les mammifères marins.

« Nous devons enquêter sur les sources de contamination actuelles, empêcher le rejet de nouveaux contaminants et évaluer l’effet conjugué de multiples facteurs de stress sur la santé des baleines », ajoute-t-elle.

Les auteurs de l’étude recommandent une révision des seuils de toxicité, une étude des conséquences des polluants sur les systèmes hormonal et immunitaire des baleines, et l’élaboration de stratégies de conservation ciblées. Selon eux, les niveaux élevés persistants de polluants observés chez les orques mettent en évidence la nécessité d’une approche ciblée pour réduire la pollution chimique dans le nord-ouest de l’Atlantique.

L’étude a été menée en partenariat avec le