La série Échantillons de la recherche raconte l’expérience de membres de la communauté étudiante en recherche. Ils partagent un aperçu de leur projet aux cycles supérieurs.
«J’aimerais me faire comprendre, pas réprimander.» «Pourquoi me juger au lieu de m’écouter’» «Mes comportements problématiques sont des S.O.S. silencieux.» Ce sont quelques exemples de slogans créés par un groupe de jeunes vulnérables à l’exploitation sexuelle, sous la supervision de Perla Hayek, étudiante à la maîtrise en travail social à l’Université Laval.
Ces phrases percutantes font partie d’une campagne visant à sensibiliser l’entourage de ces jeunes. Perla Hayek est fière du travail réalisé par ce groupe d’adolescents, qu’elle considère comme des «experts».
«Je voulais vraiment donner une voix aux jeunes parce que, socialement, ils sont perçus comme une population très vulnérable, qui nécessite une protection. Mais on les voit rarement comme des experts de leur propre situation. Mon projet vise à démontrer qu’ils sont des acteurs clés qui peuvent contribuer à des solutions.»
C’est durant son stage dans un orphelinat, alors qu’elle terminait son baccalauréat en psychologie au Liban, que Perla Hayek a été sensibilisée au phénomène de l’exploitation sexuelle. «C’est un phénomène bien présent, à l’international comme au Québec, mais on n’en parle pas assez parce que c’est tabou.»
Elle a choisi de poursuivre ses études à la maîtrise à Québec, entre autres parce que l’Université Laval est «forte en recherche». Son travail de terrain a duré environ six mois, à la maison des jeunes Kekpart, à Longueuil, qui avait déjà mis en place le Programme sans P ni E: sans proxénètes, ni exploitation.
Tisser un lien de confiance
Perla Hayek a animé plusieurs rencontres avec un groupe de jeunes vivant différentes problématiques, comme le refus de l’autorité ou des fugues. «Au début, c’était un peu difficile de les mobiliser. Je devais vraiment tisser un lien de confiance. Alors je faisais des activités informelles, je chillais avec eux.»Au bout de plusieurs ateliers de confection de bijoux, de peinture, de discussions autour de collations, elle a pu les sensibiliser à ce qu’est l’exploitation sexuelle et aux façons de l’éviter.
L’étudiante en travail social rappelle que l’exploitation sexuelle survient lorsqu’un individu profite de l’état de vulnérabilité et de dépendance d’une personne pour utiliser son corps à des fins sexuelles et en tirer un avantage.
Le groupe de la maison des jeunes Kekpart a finalement produit une campagne de sensibilisation complète à l’aide d’affiches, de photos, de vidéos et d’un.
L’étudiante retient de son projet de maîtrise qu’il faut valoriser l’expérience des jeunes, parce que le phénomène de l’exploitation sexuelle est constamment en évolution, les proxénètes changeant continuellement de tactique. «Ces jeunes sont maintenant des agents de changement.»
Pour le moment, l’étudiante a envie de se lancer sur le marché du travail. Mais elle aimerait aussi poursuivre ses études au doctorat plus tard, question de pousser ce sujet encore plus loin.