Une école internationale au coeur de l'Arctique cet automne

Le groupe à bord du NGCC Amundsen. - Meral Jamal - Sentinelle Nord, Université L
Le groupe à bord du NGCC Amundsen. - Meral Jamal - Sentinelle Nord, Université Laval
Sentinelle Nord et le Partenariat circumpolaire WAGE ont permis à 18 étudiantes et étudiants de l’Université Laval et de 10 autres universités de s’immerger dans l’univers de la recherche nordique

Les changements rapides observés en Arctique ont de multiples répercussions sur les communautés côtières qui ont un lien étroit avec l’environnement marin et qui en dépendent pour leur sécurité alimentaire. Pour comprendre ces enjeux interconnectés, il est essentiel de mettre à contribution plusieurs disciplines et formes de savoirs. C’est dans cette optique que l’École internationale sur l’émergence d’une économie bleue innovante en Arctique a été déployée du 15 au 30 octobre.

«Avec cette école, le Partenariat circumpolaire WAGE et le programme Sentinelle Nord de l’Université Laval ont offert aux participantes et participants une occasion de développer leurs compétences en recherche interdisciplinaire et transdisciplinaire. Ils ont partagé et approfondi leurs réflexions sur des enjeux complexes», précise Sophie Gallais, coordonnatrice du programme de formation pour Sentinelle Nord.

De riches rencontres

Pour la plupart des étudiantes et étudiants, cette formation expérientielle était une première immersion dans le Nord. Ils étaient encadrés par des expertes et experts, dont Philippe Archambault, professeur de biologie, Gérard Duhaime, professeur de sociologie, et Kristin Bartenstein, professeure de droit, ainsi que la professionnelle de recherche Karen Everett, tous de l’Université Laval. «Être en contact avec des personnes différentes, issues de disciplines différentes, permet toujours d’obtenir des résultats supérieurs à la somme des parties», affirme le professeur Archambault.

Les premiers jours de la formation se sont déroulés à Kuujjuaq, centre administratif du Nunavik où le groupe a interagi avec plusieurs organisations inuites. À travers les échanges, les discussions et les visites, les personnes rencontrées ont partagé leurs perspectives quant aux changements environnementaux, aux occasions et aux défis auxquels font face les communautés côtières.

Les étudiantes et étudiants ont également échangé sur la recherche collaborative avec les communautés autochtones. «Dans une carrière en recherche, certaines obligations peuvent être difficiles à concilier avec notre engagement à long terme envers les communautés, explique le professeur Duhaime. Les scientifiques en formation qui participent à l’École ont été exposés à des situations de ce genre. Mais les solutions existent! Elles reposent sur le respect, l’équité et la réciprocité, et elles se trouvent dans le dialogue et la confiance mutuelle.»

10 jours à bord du brise-glace de recherche

Les participantes et participants ont poursuivi leurs apprentissages à bord du brise-glace de recherche NGCC Amundsen dans la baie d’Ungava, où ils ont, entre autres, réalisé des opérations scientifiques malgré des conditions météorologiques parfois difficiles et imprévisibles. Ils ont appris à utiliser la rosette, le carottier à boîte et le filet d’échantillonnage pour obtenir les paramètres de l’eau et observer le benthos, des organismes sans colonne vertébrale, et le zooplancton. Les données obtenues seront analysées par des équipes de recherche dans les prochains mois et seront partagées avec les communautés.

«L’École a surpassé nos attentes. Après quelques jours, il était impossible de différencier les étudiantes et étudiants en sciences sociales de celles et ceux en sciences naturelles. Chacun parlait de benthos, d’écosystèmes marins et de systèmes socioécologiques», raconte Philippe Archambault.

Après un passage dans les rivières Arnaud, aux Feuilles et George, le brise-glace a longé la côte du Labrador pour revenir à Québec, le 29 octobre. Les étudiantes et étudiants ont profité de ce temps de navire pour échanger en équipe sur les questions complexes d’une économie bleue. «Le simple fait de voir mes pairs et d’être inspirée par eux est quelque chose que je retiendrai de cette école», mentionne Malou Platou Johansen, étudiante inuite à la maîtrise en écologie marine à The Arctic University of Norway.

Former la prochaine génération de scientifiques pour le Nord

Pour le programme de recherche Sentinelle Nord, l’École s’inscrivait dans une série d’activités expérientielles, contribuant à former une nouvelle génération de scientifiques capables de résoudre les problèmes complexes d’un Nord en mutation en misant sur la force de la collaboration interdisciplinaire.

En août, Sentinelle Nord avait également offert à une quinzaine d’étudiantes et d’étudiants une école d’été internationale sur le territoire, l’alimentation, la santé et le bien-être, à Uashat mak Mani-utenam, une communauté innue à proximité de Sept-Îles, et au Mushuau-nipi, dans le Nitassinan au Nunavik. Ils ont appris et échangé avec des mentores et mentors issus de milieux universitaires, dont la professeure Mélanie Lemire de l’Université Laval, et des peuples innus, cris, inuits et naskapis.


Natalia Serrano, étudiante au doctorat en droit international économique à l’Université Laval, a vécu avec grand intérêt cette formation expérientielle. «J’ai appris à connaître les peuples autochtones, leur résilience, leur lien avec la nature et leur territoire. J’ai pu comprendre, par l’expérience, de nombreux concepts et lieux auxquels je n’avais eu accès qu’à travers les livres.» Au fil des discussions, les étudiantes et étudiants ont pu approfondir leurs connaissances sur les relations entre l’environnement et la santé, et les approches combinant les perspectives autochtones et universitaires.